zoom Max
D'après de chef d'oeuvre de George Orwell. Sur les Ramblas, large artère centrale de la ville constamment animée par le va-et-vient de flots de gens, les haut-parleurs beuglaient des chants révolutionnaires tout le long du jour et jusqu'à une heure avancée de la nuit. Et le plus étrange de tout, c'était l'aspect de la foule. A en croire les apparences, dans cette ville les classes riches n'existaient plus. A l'exception d'un petit nombre de femmes et d'étrangers, on ne voyait pas de gens «bien mis». Presque tout le monde portait des vêtements de prolétaires, ou une salopette bleue, ou quelque variante de l'uniforme de la milice. Tout cela était étrange et émouvant. Une bonne part m'en demeurait incompréhensible et même, en un sens, ne me plaisait pas ; mais il y avait là un état de choses qui m'apparut sur-le-champ comme valant la peine qu'on se battît pour lui. C'est que je crus que la réalité répondait à l'apparence, qu'il s'agissait réellement d'un Etat prolétarien, et que des bourgeois ne restaient - beaucoup ayant fui ou ayant été tués - que ceux qui s'étaient de leur plein gré rangés aux côtés des ouvriers ; je ne me rendis pas compte que, tout simplement, en grand nombre les bourgeois aisés se terraient ou, provisoirement, se déguisaient en prolétaires. L'atmosphère sinistre de la guerre y était aussi pour quelque chose.
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