Secret de tournage du film Boudu

Gérard (Jugnot) et Gérard (Depardieu)
Gérard Jugnot a joué
dans Volpone de Frédéric Auburtin avec Gérard Depardieu pour la télévision.
Peu
après, l'acteur-cinéaste s'est lancé dans l'écriture d'Asterix 3 mais le projet a
capoté.
C'est alors que son complice Philippe Lopes Curval, à qui Jean-Pierre Guérin
avait demandé une première adaptation de Boudu, lui fait lire son travail.
Un projet que
le réalisateur d'Une époque formidable trouve très intéressant.
Gérard Jugnot propose de
retravailler le scénario et de faire Boudu avec Gérard Depardieu.
Quand à
la version originale, avec Michel Simon, Gérard Jugnot a délibérément choisi de ne pas en tenir
compte. Il n'a pas lu la pièce pas plus que il n'a revu le film de Renoir. Cherchant au passage
à réaliser non pas un remake mais plutôt une version nouvelle.
Le cinéaste n'a gardé de
Boudu que le thème : cette espèce de personnage à la fois anarchiste et poétique qui débarque
dans un univers bourgeois.
Le thème s'apparente beaucoup à celui de Théorème de Pasolini
; Boudu en étant en quelque sorte la version heureuse.
Après Les Choristes, et les
audiences historiques de " Monsieur Batignole " ainsi que de " Meilleur espoir féminin ", autant
dire que le nouveau film de Jugnot reste très attendu par un public familial...
Gérard Jugnot, réalisateur de Boudu
De nombreux succès à l'actif de Gérard Jugnot :
Les bronzés, Les Bronzés font du ski, Les Bronzés 3, amis pour la vie, Les choristes, Monsieur Batignole, Tandem.
Mais
aussi une tendance à se complaire ses dernière années dans des films un peu académiques comme Les
choristes et Boudu.
Le futur maître d'école des Choristes est né le 4 mai 1951 à
Paris.
Le mythe de la troupe du Splendid prend racine dès l'adolescence.
C'est en effet sur les bancs du lycée Pasteur situé à Neuilly que Gérard Jugnot rencontre le
trio infernal Thierry Lhermitte (Le dîner de con, Le prince du Pacifique, Un indien dans la
ville, Les Bronzés), Christian Clavier (Napoléon, L'enquête corse) et Michel Blanc (Embrassez
qui vous voudrez, Grosse fatigue).
Tous ensemble ils forment la désormais mythique
troupe du Splendid.
Au départ, pourtant, tout n'était pas gagné.
Le café théâtre
est constitué de bric et de broc. Et les jeunes ont du mal à joindre les deux bouts.
Parallèlement, Gérard Jugnot décroche tout une série de petits rôles souvent ingrats. Parmi
cette série de navets, citons Un amour de coccinelle et La septième compagnie au Clair de
Lune.
Mais il faut bien se nourrir et remplir le compte en banque.
Heureusement, Gérard Jugnot voit la fin des repas à base de pâtes avec son premier véritable
long-métrage intitulé Les héros n'ont pas froid aux oreilles aux côtés de Daniel Auteuil (Le
placard, Manon des sources, Le huitième jour, Peindre ou faire l'amour).
Une
première prestation grâce à un ancien complice du lycée, Charles Nemes (La tour Montparnasse
infernale avec Eric et Ramzy).
S'ensuit le triomphe de l'adaptation cinéma de la
pièce de théâtre Amours, coquillages et crustacés, rebaptisée pour l'occasion Les bronzés avec
également Marie-Anne Chazel, Josiane Balasko et Dominique Lavanant.
Le long-métrage mis en
scène par Patrice Leconte (Tandem, L'homme du train, Ridicule, La veuve de Saint-Pierre, La
fille sur le pont) croque avec un certain mordant les travers des français dans un club de
vacances sénégalais.
Le film aura une suite encore plus culte, Les bronzés font
du ski, qui connaît encore un grand succès lors de sa diffusion annuelle à la télévision. Et des
séquences d'anthologie comme le crapaud dans la bouteille ou Michel Blanc bloqué sur un
télésiège.
Le groupe poursuivra sur la lancée avec les dialogues hilarants du
père Noël est une ordure, deuxième adaptation d'une de leurs pièces à succès.
Gérard Jugnot tourne alors en 1982 sous la direction d'Edouard Molinaro dans Pour cent
briques, t'as plus rien et Papy fait de la résistance.
La même année, il se
lance seul sur scène dans "Enfin seul !". suivi très vite de sa première réalisation, Pinot
simple flic.
Par la suite, Gérard Jugnot tournera de nombreux autres films avec plus ou
moins de succès : Scout toujours, Meilleur espoir féminin, Monsieur Batignole, Casque bleu, Sans
peur et sans reproche et surtout Une époque formidable, où avec Richard Boringher (Le grand
chemin) il traite d'un problème de fond : celui des SDF alias les Sans domiciles fixes.
Autre sujet sensible, les sectes, avec le décevant Fallait pas aux côtés de Jean Yanne et
François Morel (Ah ! Si j'étais riche, Les deschiens).
Après Les Bronzés et Les
Bronzés font du ski, l'acteur retrouve Patrice Leconte dans le subtil Tandem avec Jean Rochefort
inoubliable. Grand film, assurément. Et sans doute le meilleur rôle de Gérard Jugnot à ce
jour.
S'ensuit les faussaires, Les clés du paradis, Voyage à Rome, Fantôme avec
chauffeur avec Philippe Noiret (Les grands ducs) et Oui, mais... : ces deux derniers sont à
ranger dans la case navet.
Lors de la dernière décennie, Gérard Jugnot réalise ou
joue dans
Les choristes, Monsieur Batignole et maintenant Boudu.
Une sorte de
triptyque. Depuis quelques temps, le comédien joue ou réalise des films qui ont l'art qui ont de
plaire au plus grand nombre.
Ne nous plaignons pas de ce phénomène qui a le double mérite
de ramener les gens dans les salles de cinéma mais aussi de faire triompher le cinéma hexagonal
au box-office. Qui le déplorerait ?
Mais ce succès s'accompagne d'une tendance
regrettable :
le cinéma de Jugnot semble quelque peu baigner dans un certain conformisme
fâcheux.
Le film de qualité Made In France, dont Jacques Perrin demeure le parfait
ambassadeur (Le peuple migrateur, Les Choristes, Microcosmos ...) rime parfois avec un manque
d'audace regrettable. D'autant plus que Gérard Jugnot avait réalisé par le passé des films
grands publics mais plutôt corrosifs : "Une époque formidable" en reste le meilleur exemple. Où
est passée cette verve ?
Sans oublier le phénomène de mode qui s'accompagne à la
sortie de ces films : les chorales apparaissaient comme ringardes voilà à peine un an. Et
maintenant, les bobos se passent en boucle la bande-originale ! Ridicule et agaçant au plus au
point.
Bref, s'il l'on n'éprouve aucune rancoeur particulière envers le sympathique
réalisateur de Pinot simple flic, nous ne pouvons que déplorer sa tendance à se conforter dans un
académisme de bon aloi.
H.Troccaz
Par zoom-Cinema.fr le 9 mars 2005.
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